jeudi 25 février 2010

Embezzzzzzlement

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La chaleur s'installe un peu plus de jour en jour, ouvrant la saison de la chasse à l'homme pour mes insectes préférés, les moustiques. En temps normal, tuer un moustique n'est pas chose aisée. Certains sont doués, mais la plupart d'entre nous claquent des mains sans jamais les refermer sur la bestiole, tout en faisant quand même mine de temps en temps de dégager d'une pichenette un cadavre collé sur la paume.

Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours détesté les moustiques. Je considère qu'il n'y a pas assez de place pour moi et eux sur cette planète. Ils ont longtemps hanté mes nuits d'été. Au premier bourdonnement, aussi faible soit-il, je suis sur le pied de guerre, lumière allumée, oreiller chargé. Parfois la bataille est longue, et je suis obligée de feinter pour les faire sortir de leur cachette. Je me recouche et tends l'oreille, prête à bondir. Je ne ferme pas l'œil tant que mes agresseurs ne sont pas tous exterminés.

En plein jour, ils ont l'avantage et je ne les attrape que très rarement. Sauf ici. J'en achève en moyenne cinq par jour, et je me demande à chaque fois si exhiber la victime pourrait servir d'exemple, mais je n'ai pas encore trouvé leur place publique. Mieux encore, alors que normalement je m'agite pour les éloigner d'un revers de main, ici c'est moi qui les poursuit! Après mûre réflexion, je ne vois qu'une hypothèse plausible, ces moustiques sont des amateurs. Et vu la réputation de l'Inde en matière de diptères, je dirais que l'artillerie lourde n'a pas encore été déployée. Il faut agir avant qu'il ne soit trop tard. Dans la mesure du possible, j'aimerais éviter de revivre le cauchemar des cinquante piqûres par pied expérimenté en Équateur.

Suite à ma requête Maneesha, la coordinatrice de l'école, m'envoie un charpentier pour qu'il m'installe une moustiquaire. Il visse des piliers métalliques aux pieds de mon lit, puis s'en va. Je reste perplexe. Ou est le filet? Je retourne voir Maneesha, qui m'accorde qu'effectivement, avec le filet, ça serait plus efficace. Quelques jours plus tard je suis livrée. A ce stade j'ai déjà commencé à me faire grignoter et l'arrivée du filet est aussi excitante qu'un colis-surprise à la poste.
Ni une ni deux, je pose la moustiquaire. Le résultat est épatant! Les piliers sont grands, si bien que le filet est posé bien haut, ce qui laisse beaucoup d'espace pour respirer et éviter la claustrophobie. En revanche il manque une bonne vingtaine de centimètres pour border la moustiquaire. Un raccourci, une autoroute sans péage pour les moustiques affamés. A moins que les amateurs soient aussi des imbéciles? "Ah mince, la maline, elle a mis un bouclier anti-nous. C'est dommage j'avais faim!". En tout cas pas question de prendre ce risque avec les professionnels, l'accès doit absolument être bloqué avant le débarquement des mercenaires.


vendredi 19 février 2010

Flash sur flaques

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Finalement je passe autant de temps à traquer la lumière dans tous les recoins, qu'à chercher le bon angle pour une séquence vidéo. Ci-dessous les premiers clichés de la série "Puddles".

jeudi 18 février 2010

Sandie Poulain


J'aime être réveillée par le rire de Ipee avant que mon alarme sonne, un rire d'enfant authentique et éclatant. Quand je l'entends, je souris avant même d'avoir ouvert les yeux.


J'aime lire une histoire de mon livre Contes des sages de l'Inde (merci Florence!!). Chaque matin, pendant mon petit déjeuner, j'ouvre une page au hasard et je lis. Chaque récit a une morale, une leçon que je peux appliquer aux évènements de la journée. L'autre nuit, j'ai rêvé que je rêvais. En me réveillant je ne savais plus ce qui était réel, rêvé, ou rêvé dans le rêve! Je suis tombée "par hasard" sur l'histoire d'un roi qui demande à un sage: j'ai rêvé que j'étais un mendiant, qui rêvait qu'il était un papillon! Alors qui suis-je? Le roi, le mendiant, ou le papillon?


J'aime la simplicité de mon rituel du matin. Je prends une douche rapide et économique, je fais bouillir de l'eau, je grille des toasts, je m'habille. Cette dernière étape est anormalement courte, mais vu que j'ai le choix entre 3 pulls et 2 pantalons, je ne peux pas perdre de temps en stylisme!


J'aime m'assoir sur la petite butte dans le jardin de l'école, entourée de fleurs, pour planifier mon prochain cours ou corriger des copies.




J'aime laver mon linge. Je me trouve presque plus efficace que la machine à laver (presque). En revanche je n'aime pas essorer.


J'aime écrire et dessiner tout ce qui me passe par la tête dans mon joli carnet en cuir (merci Aurélie!!)


J'aime aller au marché acheter mes fruits et légumes, même si apprendre à poser des questions en hindi ne me sert pas à grand chose vu que je ne comprends toujours pas la réponse!



J'aime skyper avec ma mère. Elle comprend toujours tout. Pourquoi je suis énervée, pourquoi je ne veux pas l'admettre, pourquoi ça m'énerve encore plus de savoir qu'elle a compris... ;-)


J'aime commander un chow mein (plat de nouilles) ou un tiki (boulette de pomme de terre frite farçie aux légumes) sur la place centrale avant de rentrer en rickshaw.



J'aime constater que j'ai beau être à l'arrache en Inde, mes ongles sont longs, blancs et forts. Et dire que depuis 6 mois je me battais pour les faire pousser (évidemment entre le moment où j'ai écrit et le moment où j'ai posté l'article, j'en ai cassé 2).


J'aime que mon OUI ce soit transformé en "haaaan" en inclinant la tête, et mon NON en "nay".


J'aime tout particulièrement ma visite régulière chez le pâtissier, que j'ai baptisé tradicction: déjà une tradition, et sans aucun doute une addiction!


J'aime faire des grimaces à Tulika, 11 mois, qui dégage une énergie formidablement contagieuse. Je la vois plusieurs fois par jour, et jamais sans son sourire.
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Je déteste qu'elle soit en ce moment à l'hôpital à Delhi à cause d'une fièvre inquiétante.


J'aime lire au soleil sur le toit, cachée entre les cordes à linge.



J'aime prendre le temps de cuisiner. Bon d'accord pas tous les jours. Mais souvent! Comme lundi, j'ai fait un poulet basquaise avec des pommes de terre rissolées dans le bouillon du poulet. Ou comme ce soir, j'ai fait une poêlée de légumes sauce béchamel. Ou comme la semaine dernière, quand j'ai fait ma bretonne pour la Chandeleur.



J'adore manger.


Je n'aime pas dire au revoir à Shaheen, belle et brillante professeure qui a dû donner sa démission parce que son père lui cherche maintenant un mari et que pour attirer le bon parti, elle ne doit pas entacher sa réputation en travaillant.





J'aime penser à ne pas penser et après? Et après quand? Après maintenant? La question est plutôt et maintenant? (vous noterez que je n'utilise pas "je n'aime pas penser"....mais plutôt "j'aime penser à ne pas penser"...nuance!)

lundi 15 février 2010

Sari-gole plus!

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Ca y est! J'ai mon sari! L'achat était prévu pour le mariage de mercredi, mais le délai était un peu court. Heureusement nous étions invitées à notre troisième mariage ce soir.
J'ai choisi le tissu, la matière, le motif, et je l'ai ensuite déposé chez un couturier. La blouse est faite sur mesure, et le reste du tissu est doublé à certains endroits, mais reste un grand rectangle.
On commence par mettre le jupon et la blouse, et ensuite on enroule les 6 mètres de soie, de manière très précise et en faisant de nombreux plis devant.
Evidemment j'étais absolument incapable de le mettre toute seule, c'est donc Lakshmi qui m'a habillée.
C'est très confortable, et je n'ai eu aucun problème à m'assoir, en revanche moins il y a de marches à monter, mieux je me porte!
Pour le dîner j'ai moins mangé que d'habitude, pourtant le buffet était aussi délicieux que les fois précédentes. Ma théorie est que le fait d'avoir un bout de ventre à l'air bloque inconsciemment la faim ;-)


samedi 13 février 2010

Premier bilan


Pour faire le bilan du premier mois, je vais à nouveau m’appuyer sur les questions qui m’ont été posées récemment:

Qui décide du contenu de tes cours?

Heureusement et malheureusement c’est moi. Heureusement parce que ça laisse une grande liberté, et parce qu’on est toujours plus à l’aise avec un programme qu’on a monté soi-même, ne serait-ce que parce qu’on le connait sur le bout des doigts. Malheureusement, parce que parfois je suis en manque d’inspiration, surtout quand les enfants réagissent négativement à toutes mes tentatives.
Le plus frustrant, c’est qu’avec des enfants si jeunes, et la barrière de la langue, plus de 60% du temps est consacré au maintien de la discipline. Mais dans les bons jours, quand les enfants sont pratiquement tous concentrés pendant 1h, c’est très gratifiant.
Résultat ? On ne s’ennuie pas ! Aucun cours ne se ressemble, et je ne sais jamais à quoi m’attendre ! Ca garde alerte ;-)

Quels sont tes cours préférés ?
Certains pensent avoir la réponse à cette question, sans hésitation…et non ce n’est pas la danse ! C’est le théâtre, de loin ! Le seul sujet que j’ai enseigné avant de venir en Inde est l’anglais. Je ne savais pas du tout quelle type de prof je serais. Je me surprends agréablement en théâtre, où l’inspiration ne me manque jamais. La danse c’est beaucoup plus délicat, parce que je suis très perfectionniste, et j’ai du mal à être satisfaite de ce qui est accompli. Je ne blâme pas les enfants bien sûr, je pense surtout qu’autant je suis une bonne exécutante, autant enseigner les techniques de la danse est loin d’être inné !!
Il faut dire que j’ai commencé très jeune, et je me retrouve à devoir apprendre à des filles de parfois 12 ans comment pointer le pied ! Alors on est loin des pliés-tendus….
Mais parfois je mélange théâtre et danse, dans un cours d’expression corporelle, et ça fonctionne très bien. J’ai rarement besoin de faire des rappels à l’ordre dans ce cours. Evidemment ce qui fonctionne le mieux à cet âge c’est encore de dépenser leur énergie. Alors même en « écriture créative », je leur fais faire des jeux pour inventer des histoires, pour qu’ils se défoulent avant d’écrire. Le plus dur est que certains ne parlent pas un mot d’anglais. Difficile de garder la cohésion !

Que fais-tu pendant ton temps libre ?
J’aimerais répondre beaucoup de yoga, du vélo, des abdos…mais les cours nous exténuent tellement qu’il nous reste peu d’énergie pour le sport en fin d’après-midi ! Les cours finissent vers 16h30 mais on passe beaucoup de temps à monter la pièce de théâtre, ou faire le programme de nos cours.
Notre seul jour de repos est le dimanche, et généralement on s’organise une sortie ou une activité en groupe, comme le temple à Kotdwar dimanche dernier.
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Aujourd’hui était férié, et nous sommes allés à vélo au village de Sarkala. J’ai voyagé en première classe, c'est-à-dire sur le porte-bagage de Rahul, parce qu’il n’y avait pas assez de vélos pour tout le monde. On n’a pas eu besoin de tirer à la courte-paille, tous les vélos étaient immenses et je ne touchais pas par terre, je me suis donc portée volontaire.




Une des profs de l’école nous a invités à prendre le chaï chez elle et rencontrer sa smala. Nous avons aussi visité le temple du coin, et un autre un peu plus loin, ouvert et en pleine nature.


En ce moment nous avons la visite de Maja, une danseuse croate qui vit en Inde depuis 5 ans. Elle donne des cours aux enfants, mais nous profitons aussi de son talent pendant nos « trous » le matin. Elle nous a donné un premier cour de contemporain hier.

Mercredi nous avons assisté à un deuxième mariage, et pour l’occasion Gautam nous a fait le Mhandi : le henné sur les mains.

Je passe la majorité de mon temps libre en communauté, mais quand je prends du temps pour moi le soir, c’est pour écrire, lire, laver mon linge, ou faire des crêpes pour le dessert, comme ce soir ! 

Dans l’ensemble le temps passe vite et lentement à la fois, ce qui est loin d’être désagréable ! J’ai du mal à croire que ça fait déjà 1 mois que je suis ici, mais quand je prends mes 10 minutes quotidiennes posée au soleil, le temps s’arrête un peu, et je recharge mes batteries. 

lundi 8 février 2010

La leçon de patience


Aujourd'hui Rahul nous a proposé de l'accompagner à Kotdwar où se trouve le temple Sidh Bali, qui vénère Hanumaan. C'est dans ce temple qu'il a prié pour ses études, et qu'il revient donc pour remercier la divinité d'avoir exhaucé ses prières.
Théoriquement, Kotdwar se trouve à 1h30 de Dhampur. Dans la pratique, ça donne un réveil à 7h, pour un départ à 13h, et un retour de 17h à 22h. Une journée de 12h donc, dans laquelle l'activité principale a duré 2h. Que peut-on bien faire pendant 12h? Eh bien c'est là toute la magie de l'Inde. Voyez-vous, le temps est cet elastique avec lequel on peut jouer sans fin, le plus drôle étant de jouer à le ralentir le plus possible dans une même journée. J'aurais tendance à penser que l'elastique risque de craquer à force de l'étirer...mais en Inde l'elastique s'étire à l'infini. Ca, c'est pour les jolis mots. Ce que ça veut dire, c'est qu'on a attendu 4h un train qui n'est jamais venu, pour finalement prendre un bus, puis 2 taxis, dans lesquels on rentre à 15, avec une fesse à moitié dehors. Moi qui aime les manèges à sensation, je suis servie! Mais ne vous méprenez pas, à ce stade de l'aventure je suis plutôt enthousiaste...au moins on est en mouvement! C'est l'attente, sans savoir ce qu'on attend vraiment, qui est plus douloureuse pour la pile Duracel impatiente que je suis.

Finalement, vers 15h, on arrive au temple. Le décor est dépaysant, il y a du relief et de la forêt. On est en bordure du parc national Jim Corbett. On quitte nos chaussures, les hommes et les femmes font deux lignes pour entrer. Un premier brâhmane nous fait un point orange sur le front, un second nous donne de la noix de coco comme offrande, un troisième nous bénit avec une sorte de massue en argent en donnant un petit coup sur le dos.

A part ça la visite du temple, tout comme le rituel de Rahul, n'obéissent à aucune règle. C'est une balade dans ce joli complexe, calme et paisible. Le temple domine la vallée dans laquelle coule une rivière, où nous sommes allés finir notre balade.

Une ribambelle d'enfants curieux et souriants nous a accompagné tout le long, nous posant 1000 questions, nous appelant Didi pour "grande soeur". Shakila, qui a dessiné le contour de sa main dans mon cahier, insiste pour qu'on aille chez elle...finalement je lui montre qu'on s'amuse bien plus au bord de la rivière! Leur compagnie a contribué à ce que ce moment trop court soit cependant fort agréable.

Le retour était semblable à l'aller...train? bus? oui? non? peut-être? (là il s'est passé 2 heures, donc on a faim). On finit dans le bus, qui démarre, puis s'arrête, puis redémarre, pour encore s'arrêter. Et attendre. Que le traffic se débouche? Que le train passe? Que la vache se soulage? Je ne sais pas, mais on attend.
La patience est mère de toutes le vertus! ;-)

samedi 6 février 2010

Conte afghan

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Excerpt from "The Kite Runner" by Khaled Hosseini

It was a dark little tale about a man who found a magic cup and learned that if he wept into the cup his tears turned into pearls. But even though he had always been poor, he was a happy man and rarely shed a tear. So he found ways to make himself sad so that his tears could make him rich. As the pearls piled up so did his greed grow. The story ended with the man sitting on a mountain of pearls, knife in hand, weeping helplessly into the cup with his beloved wife's slain body in his arms.
I read my story to Hassan in the living room by the marble fireplace.
- "Mashallah!" He was beaming. "But will you permit me to ask a question about the story?" He said shyly. - "Well, if I may ask...why did the man kill is wife? In fact, why did he ever have to feel sad to shed tears? Couldn't he have just smelled an onion?"

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vendredi 5 février 2010

Je fête, tu fêtes, il fête...


Chaque jour est une occasion de faire la fête, petite ou grande! La preuve:

Lundi soir, Rahul nous a convié chez lui pour célébrer son 23ème anniversaire. Assis en rond autour d'une table remplie de snacks, nous sirotons quelques tasses de chaï. Au moins la moitié des profs de l'école sont présents, ainsi que la mère, la soeur, la cousine (la tante, l'autre cousine...) de Rahul.
En grignotant avec parcimonie (qui ça?), je comprends enfin pourquoi les desserts et pâtisseries sont si sucrés. C'est évidement pour compenser les plats si épicés! Je constate que tout est soit épicé (lire piquant) soit trèèèès sucré. Les snacks ne dérogent pas à la règle, des chips aux cacahuètes en passant par les biscuits secs, tout vous met la bouche en feu. D'où le chaï en accompagnement, thé au lait (ou lait au thé?) très sucré.
Rahul monte le son, un mélange de vieux tubes techno des années 90 et de thèmes de Bollywood, et lance le jeu de la soirée: Action ou vérité!
Alors à l'indienne ça se joue pareil, sauf que pour la section vérité, rares (voire inexistantes) sont les questions auxquelles nous sommes habitués, (je ne vous fais pas de dessin)...A Lata, qui était là avec son mari, j'ai demandé: - "comment as-tu rencontré Gaupi?" - "Il connaissait mon frère. Il est venu se présenter, a parlé pendant 2 heures, j'ai écouté. 2 semaines plus tard nous nous sommes mariés".
Ça calme! Mais je vous rassure, tout ça se dit dans une ambiance guillerette.
Côté action, l'esprit est le même, avec la touche locale bien sûr! Mon gage était donc de danser du Punjabi avec un turban et une barbe dessinée au rouge à lèvres.


Le lendemain nous avons dîné chez Rajesh, le directeur de l'école. Il avait cuisiné, entre autre, du poulet! Immanquable, me dis-je! Pas si vite...encore va-t-il falloir tolérer les épices. Le poulet est mariné dans une sauce au chili rouge, ahum! Rajesh Sir nous rassure, il a mis un tiers de la dose normale. Je croque donc ma cuisse (enfin celle de mon poulet) à pleines dents, remplie de courage. Une déglutition plus tard, je ne sais pas où a bien pu partir mon courage, mais moi je suis rouge écrevisse, mes oreilles fument, mes yeux pleurent...et là, c'est le drame. Vous imaginez la scène...dans ces cas-là on est tous pareil, on essaye de faire semblant que tout va bien. Sauf que je n'ai pas pu prononcer un mot dans le quart d'heure qui a suivi, et que ça, pas  besoin de me connaître depuis longtemps pour savoir que ça n'est pas normal.
Finalement Rajesh me sert un lassi, mélange froid de lait et yaourt parfumé à la pistache, et la magie opère. J'avais vu juste, le sucre pour apaiser les épices! C'est bien plus efficace que l'eau (ou encore la bière, que l'on m'a conseillé d'essayer mais qui n'a fait qu'empirer la situation).
Ce soir-là on a regardé le très artistique Sita Sings The Blues de Nina Paley, film d'animation illustrant des légendes indiennes.

Mercredi soir nous avons assisté à notre premier mariage indien. L'invitation ayant été faite à la dernière minute, nous n'avons pas eu le temps de nous équiper en sari. Sans regret, j'ai gardé mon manteau toute la soirée. La réception avait lieu dans une grande cour extérieure, entièrement décorée de tissus, lumières et tentes. Le buffet (accrochez-vous) fait tout le tour de la cour. Un peu comme pour une fête de village. Je  me demande s'il existe un plat qu'il n'y avait pas ce soir-là!! Il y a des dizaines de stands, des plats principaux aux snacks en passant par les sauces, les pâtisseries et les salades de fruits. A chaque stand les cuisiniers préparent au fur et à mesure, quelques-uns au centre de la cour font du pain, que dis-je des pains, au moins 6 ou 7 sortes différents!
Il est donc pratiquement impossible de grignoter ça et là...seule une bonne stratégie permet d'exploiter ce buffet correctement, parole d'experte!
On boit du café expresso, du lait chaud parfumé aux amandes, de la soupe de tomate (pas épicée selon les indiens)...En revanche on ne trouve pas une goutte d'alcool.
Vers 21h30, le marié fait son entrée. Il est porté sur un palanquin, devant lequel défilent famille et amis en dansant. La mariée rejoindra le groupe plus tard, et beaucoup plus discrètement, le mariage étant centré sur l'homme. Des enfants tiennent un chemin de lumière qui avance avec la marée humaine, des musiciens en uniforme jouent de la trompette. Évidemment étant les seules étrangères, Sandra, Natalia et moi avons été repérées très rapidement, et tirées pour danser avec le peloton de tête déchaîné. Impossible de s'échapper, impossible de s'arrêter, et ce pendant une bonne demi-heure! Emportées pas la foule, qui s'élance et qui danse...


A la première occasion on s'est éclipsé pour retourner picorer!
Quelques élèves de l'école étaient là et nous ont présenté leurs parents, oncles et tantes, etc. Des animateurs ont aussi veillé à ce que nous soyons toujours divertis: un n...homme-de-petite-taille déguisé en joker, des personnages avec des grosses têtes, un conteur-poète qui faisait des rimes sur les gens...
Nous n'avons pas attendu pour assister à la cérémonie de l'union, celle-ci se déroulant très tard dans la nuit., mais à en croire nos amis du coin, c'est une suite de long discours, en vieil hindi, que parfois même les futures époux ne comprennent pas.

 
Pour finir, ce soir nous avons organisé une soirée ciné avec quelques amis profs. L'école possède un rétro-projecteur sur lequel nous avons visionné le Magicien d'Oz. Nous adaptons la pièce avec les enfants et c'est pourquoi nous voulions montrer le film à Gautam, prof de théâtre. Soirée ciné oblige, nous avons popé du corn...eh bien croyez-le ou non, même le pop-corn est épicé (saveur "chili surprise")!!

La citation du jour, tirée du Magicien d'Oz: "Hearts will never be practical until they can be made unbreakable!" (un coeur ne sera jamais pratique tant qu'il ne pourra être fait incassable!)