samedi 29 mai 2010

Le paradis avec un A


Si je vous dit cocotiers, plages de sable blanc, eau turquoise et poissons, ca fait cliche. Alors je vais plutot vous raconter qu'on est hors-saison, que donc il ne fait pas (tout le temps) beau, que du coup on a ces paradis perdus pour nous seuls, que meme sous la pluie c'est superbe, ca fait meme ressortir la jungle luxuriante.

Du coup pas le temps de s'ennuyer: on fait des chasses au tresor de coquillages, on organise une course pour les Bernard l'Hermite, on guette les crocodiles pres d'une cascade, on s'enfonce dans la jungle sur les traces des elephants, on tombe en panne d'essence et on (enfin Steph) pousse le scoot 3km, on sauve un dauphin blesse pris au piege a maree basse, on boit l'eau de coco a meme la noix, on body-surf des petits tubes parfaits sur une plage appelee N#5, on sert de casse-croute aux moustiques affames, on traine sur les ponts des bateaux d'ile en ile, on essuie une pluie de mousson tout equipes, on fait notre bapteme de plongee (je suis accro)...bref, les iles Andaman nous gatent.


...S...&...S...


Butler Bay, Little Andaman

Manish, notre moniteur de plongee chez Barefoot Scuba


Radha Nagar Beach, Havelock Island

Paisible et humide demeure


Shantiniketan. Depuis la gare de Barddhaman a 12 heures de train de Varanasi (14h donc), le village est sense etre facilement accessible par un train "express" de 45 minutes. Mais quand ce train (et tous les autres dans la meme direction) est annule 5 minutes apres que j'ai achete mon billet, ca devient tout de suite beaucoup plus complique. Deja, se faire rembourser le billet est une affaire de volume de voix et elasticite du bras. C'est a celui qui parvient a se faire entendre en tendant son billet au guichetier a travers la melee tout en esperant que la monnaie rendue atterrisse dans la bonne main. Une fois cette etape passee, direction la gare routiere. La-bas l'employe du service de bus publics est categorique, il n'y a pas de bus pour ce village. Pas maintenant, et pas plus tard. Pas demain non plus. Impossible de savoir si la route est bloquee, s'il y a une greve, si le village a disparu de la carte dans la nuit. En perseverant, je finis par trouver un bus "prive" qui s'y rend. Manque de bol on doit changer de vehicule a mi-chemin, et je me retrouve plus serree qu'un oeuf de caviar en conserve pour les 2 heures restantes. A 80 dans un bus (sans compter les gens sur le toit) et par 40 degres, je me liquefie litteralement. Quand on atteint enfin Bolpur, l'arret final a 2km de ma destination, il fait deja nuit. 

Dans le bus j'ai rencontre Sabir, un artiste peintre, et il connait des etudiantes qui peuvent me preter un lit. Le lendemain Sabir me fait visiter Shantiniketan, construit plus ou moins autour de la grande et prestigieuse universite fondee par Rabindranath Tagore en 1901. Le campus verdoyant abrite quantite de fresques et sculptures eclectiques.
Le soir Sabir invite quelques amis et cuisine un poulet Biryani, m'offrant au passage une experience des plus authentiques.
Je reprends la route le lendemain pour Kolkata. 
S&S = J-1.


Une des oeuvres de Sabir

lundi 17 mai 2010

Chez Rahul from Vara

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Varanasi est la ville la plus bruyante que j'ai traverse en Inde jusqu'a present. Les journees y sont rythmees par les frequentes et longues coupures d'electricite, consequence des trop nombreuses usines implantees pour traiter l'eau du Gange, polluant au passage les villages voisins jusqu'ici epargnes.
La vue sur les ghats de la plus vieille ville du pays, ou les rivieres Varuna et Assi se rejoignent, vaut a elle seule le detour. En dehors de cette activite touristique mais incontournable, la ville ne m'a pas charme mais j'etais ravie de la decouvrir avec Rahul, chez qui nous logions (enfin chez sa tante, la cousine de son pere).
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Nous avons admire les rives du Gange depuis une barque au crepuscule, assistant a la ceremonie de prieres quotidienne, puis aux cremations, elles aussi quotidiennes. Sans que ce soit programme nous avons fini par en voir une du debut a la fin (enfin presque), et au risque d'en choquer plus d'un, j'ai trouve ce spectacle bien moins morbide qu'un enterrement. Le tout a quelque chose de tres terre a terre, c'est le cycle de la vie et la mort, sans pudeur et sans artifices.
J'ai ete bien plus exasperee quand notre batelier a delicatement depose son gobelet de chai vide sur la surface du Gange, comme s'il s'agissait d'une bougie flottante. J'ai envisage un instant de l'attacher sur un des buchers fumants, mais la perspective de pagayer les 500 metres qui nous separaient du debarcadaire m'a retenu.
Sur l'un des ghats on peut admirer un petit temple nepalais dont les statuettes erotiques sont sans equivoque. Ces quelques figurines sculptees dans le bois des poutres font ressortir toute l'hypocrisie sexuelle de ce pays, ou les couples pretendent ne s'aimer que par les yeux, et ou un simple bisou sur la bouche est censure au cinema.

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Varanasi avec Rahul, c'etait aussi une apres-midi a Sarnath, ville ou Buddha vint prononcer son premier discours sur le "chemin du milieu" apres l'eveil a Bodhgaya; la visite de l'association de sa grand-mere qui s'occupe des femmes qui n'ont plus rien ni personne; la D Foundation, qui reunit des fonds pour les plus demunis, et l'ecole Krishnu Murti, qui est sous de nombreux aspects comparable a Pushp Niketan. 

C'est aussi a Varanasi, apres 2 semaines, que Natalia et moi nous sommes separees. Elle a rejoint Bombay pour quelques jours avant de s'envoler pour l'Europe. Je suis maintenant a Shantiniketan, qui signifie paisible demeure. Arriver jusqu'ici etait un periple en soi, mais ce sera au prochain episode, parce que le village ne dispose que de quelques heures d'electricite par jour et la coupure est imminente, me dit-on.

mardi 11 mai 2010

La version longue


Ok ok...Bodhgaya Express c'etait un peu limite comme resume. Alors remontons quelques jours en arriere.

Taupe vue sur Tiger Hill
A premiere vue, l'expedition ne vaut pas le reveil a 3h30 du matin. Non seulement il y a trop de nuages pour apercevoir la moindre montagne, mais en plus la colline est plus peuplee que les Galeries Lafayette la veille de Noel. La majorite des touristes sont indiens, donc 4 personnes sur 5 jettent leur gobelet de cafe par terre. Heureusement en s'eloignant un peu du troupeau, on trouve un coin paisible d'ou admirer le meme spectacle, a savoir un lever de soleil magique et mysterieux sur les montagnes himalayennes ennuagees.


On rentre a Darjeeling a pied, profitant d'une splendide vue et traversant les villages construits a flanc de colline pendant presque 3h. 
On a enchaine sur la visite du jardin botanique, une degustation de thes (mon prefere est le Puttabong, un the d'automne ambre, leger et fruite), et la decouverte de Petrichor, un cafe-atelier epatant tenu par un couple du coin. On y mange de la cuisine maison, on y peint, lit, discute, on y achete de l'artisanat fait main, le tout dans un decor familial et style. Un vrai repere d'artistes!
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Folle journee a Kolkata
Apres avoir depose nos sacs a la consigne de la gare, nous traversons la Hooglie en ferry, direction Victoria Memorial. La marche a travers le Maidan est epuisante. Cette partie de la ville n'est pas du tout faite pour les pietons. C'est une enfilade de grandes avenues sans ombre entourees de terrains de cricket. Je ne peux m'empecher de calculer le nombre de gens qu'on pourrait loger dans ces parcs bien trop grands.

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Pour fuir la chaleur, et parce que Natalia commencait a se sentir mal, nous avons decide d'assister a une piece de theatre qui venait de commencer a la Gallery of Fine Arts. C'etait en hindi, et c'est bien pour ca que je me suis regalee. Natalia a quitte la salle en plein milieu du spectacle et m'a dit de la retrouver a la clinique la plus proche. C'est la que la partie folle de la journee commence. Nous avons presque les memes guides (j'ai la version Inde du Nord en francais, elle a tout le pays en anglais) mais bien sur les cliniques indiquees ne sont pas les memes. Apres 2h de marche en plein cagnard j'ai vu 2 centres medicaux, mais pas de Natalia. Evidemment son tel n'a plus de batterie. Je me rends au cimetiere que je croyais etre Park Street, parce qu'on avait initialement convenu d'y jeter un oeil. Mon telephone n'a presque plus de batterie non plus, mais heureusement assez pour que Natalia arrive enfin a me joindre. On se donne rendez-vous a l'entree du cimetiere, ce qui, si j'avais ete dans le bon cimetiere, aurait ete facile! Ne le sachant pas, j'ai attendu, assistant malgre moi a une ceremonie a cercueil ouvert a l'entree. Finalement un vieux gentleman anglais, etonne de me voir la, s'inquiete de ma situation et m'aiguille vers le bon cimetiere. Quand j'arrive enfin a Park Street, je vois que Natalia a signe le registre d'entree, mais pas de sortie. On ne se trouve pas tout de suite, et se chercher entre les pierres tombales au milieu d'une semi jungle a quelque chose de surnaturel. 
En fin d'apres-midi on remonte vers la vieille ville, qu'on prefere tout de suite aux grands boulevards anglais. On traverse un centre commercial climatise, le marche aux viandes etouffant et puant, et arrivees devant un cinema populaire, on prend des billets pour la seance de 18h, parfait en attendant notre train. "Badmaash Company" est un pur produit de Bollywood. Beaucoup trop long, bourre de cliches, mais amusant. Observer le public en transe est presque aussi divertissant que de suivre le film en hindi (mais pas difficile a comprendre: moi gentil, toi mechant, moi aimer toi, dommage que toi pas aimer moi...ou alors si? FIN).

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Sur les traces de Buddha
A Bodhgaya on prend le temps de souffler. On a ralenti le rythme, volontairement ou sous l'effet de la chaleur.  On visite les nombreux temples le matin et au coucher du soleil. Le plus douloureux ce n'est pas la chaleur, c'est le fait qu'il n'y ait pas d'electricite. Donc pas de frigo, pas d'eau fraiche, pas de ventilateur. Dans les heures les plus chaudes, je pratique l'art de la sieste, comme hier, ou je teste le massage acupression, comme aujourd'hui (peut-etre le meilleur massage de ma vie).

 

Pour visiter la grotte dans laquelle Buddha a medite pendant 6 ans, on doit grimper un sentier escarpe, toujours en plein soleil. Mais le chemin vers l'illumination est seme d'embuches, et en pensant a Buddha (et surtout en mettant un pied devant l'autre), nous atteignons la grotte.
Le Mahabodhi Temple est le plus majestueux. Il a ete construit autour du peuplier sous lequel Siddhartha Gautama a ete illumine (enfin pas l'arbre original parce que la femme d'Ashoka l'a fait abattre, la garce) mais un tres beau et tres vieux quand meme, plante au meme endroit.

lundi 10 mai 2010

Bodhgaya Express


Rapide message depuis un cyber de Bodhgaya, lieu sacre de l'illumination de Buddha. Les temples sont aussi sublimes que ce que la chaleur est accablante. Aujourd'hui on s'est couchees dans un courant d'air de 13h a 16h. 
Apres Darjeeling, on a rejoint Kolkata en train de nuit, passe la journee a Kolkata (fou, speed, bruyant, mais pas desagreable) et repris un train de nuit pour Gaya. Je ne compterai pas le nombre d'heures qu'on a donc passe sans se doucher, mais je pense qu'on est monte d'un cran dans le classement des back-packeurs.
Cela dit je vous rassure, on s'est douchees a l'hotel ce matin :-)


jeudi 6 mai 2010

Tea? Yes please!


Et qu'est-ce qu'on boirait d'autre a Darjeeling? Un chocolat chaud? Mauvaise idee. J'ai teste, mieux vaut s'en tenir au the. La premiere variete que j'ai goute etait sensee rappeler la saveur du Muscadet (non le vin ne me manque pas!) A la premiere gorgee, je me dis "mouais, de loin et dans le noir!" Mais par la suite le gout est ressorti quand je faisais claquer ma langue contre mon palais.

Darjeeling, ou comment les anglais ont laisse leur trace dans les montagnes indiennes. L'architecture, la meteo, le the bien sur...meme l'accent des locaux sonne british
Un detour par la Happy Valley Tea Estate nous a permis de connaitre le secret du Super Fine Tip Golden Flowery Orange Picko 1, un the noir pret en 5 secondes chrono, a deguster sans sucre ni lait. Sur la colline d'en face, le Bhutia Busty Gompa offre une vue imprenable sur la vallee. En empruntant le raccourci derriere le monastere, on marche dans une foret dense et pentue pendant une vingtaine de minutes avant d'atterrir au Centre d'Entraide des Refugies Tibetains. On peut y visiter tous les ateliers fascinants, tissage, couture, peinture, et une exposition photo raconte l'histoire du centre cree en 1959.



mercredi 5 mai 2010

Au fil du train


Nous venons de nous installer a bord du train qui relie Tundla, au sud d'Agra, a New Jaipalguri, au sud de Darjeeling. On a bien failli le louper, les noms et numeros de la locomotive ne correspondant pas du tout a notre ticket. 
Le paysage en quittant Tundla est relativement desertique. Les champs sont secs, la terre ocre craque sous le soleil deja brulant du matin. Quelques habitations sommaires en brique bordent les rails, parfois les nuages de poussiere ternissent les murs des maisons bleu turquoise.Au milieu des champs les huttes sont en paille. Une femme en sari jaune et rose bat sa vache tandis que celle-ci lappe une flaque de boue. Tous les cinq cent metres se dresse un temple, parfois aussi petit que ce que les arbres sont grands. Un petit troupeau de chevres tachetees trotte le long des rails, suivi d'une petite fille en salwar-kamees rouge et bleu. Une moto la depasse pilotee par un jeune homme en chemise jaune fluo, qui fait vrombir le moteur et retentir le klaxon. Sur un chemin entre deux terres, un jeune homme en jean's et chemise a manches longues marche avec une allure determine. Impossible de deviner d'ou il vient ou ou il va.

Six heures plus tard le paysage n'a pas beaucoup change. Toujours aussi arides, les terres semblent etre sur le point de s'embraser. Des bottes de foin brunes sechent ci et la, les troupeaux de chevres et de vaches sont plus nombreux, les arbres plus grands. Leurs branches forment des noeuds tels qu'on croirait leurs pensees tortueuses. Ou peut-etre poussent-ils ainsi sous l'effet de la torture que leur inflige le soleil impitoyable, tentant de rester le plus pres du sol que possible, de crainte que leurs feuilles trop proches de la boule de feu ne s'enflamment.

Nous quittons la gare d'Allahabad. Le train surplombe les toits des maisons defonces. Entre les baches tenues par des briques quelques palmiers percent vers le ciel. L'artere centrale qui relie la gare au centre-ville grouille de l'animation habituelle que provoque la circulation. Apres quelques minutes l'entrechoquemement de metal que provoque notre passage sur un pont me fait lever la tete. Nous traversons la Yamuna. Le fleuve s'etire, large et scintillant, prend un virage a gauche et disparait derriere les arbres qui bordent la rive. La presence de l'eau a donne naissances a des plaines fertiles, et le paysage reflete a present une importante palette de verts. Une barque solitaire flotte au milieu du fleuve, surement rattachee au banc de sable central. Son reflet est pratiquement immobile et plonge dans une lumiere d'or blanc. Un hammeau de huttes se dresse a quelques metres de la. Le temps semble s'etre arrete, si ce n'est pour le linge multicolore qui flotte sur une corde entre deux arbres. Un groupe d'adolescents joue au cricket sur un terrain poussiereux jonche de buissons. 

La lumiere declinante de la fin d'apres-midi agremente tous les tons de vert et ocre d'etincelles dorees. Tout parait satine ou nacre, des troncs aux amas de terre, des murs de brique rouge en ruine aux herbes folles qui poussent entre les rails. Meme la laine des moutons est recouverte d'or, et les cornes des vaches brillent comme lustrees par le soleil couchant.
Le ciel est noir a present, le paysage est enveloppe dans une nuit opaque, dense et poussiereuse qui recouvre tout ce qui s'etent au-dela de la fenetre barree du train. C'est un noir bleute profond, comme si un pot d'encre avait ete renverse dans le ciel, caligraphiant l'ombre des buissons et cernant les arbres les plus hauts. Seules quelques lumieres eparses donnent vie aux champs, avec lesquelles pas une etoile n'ose rivaliser. L'air est chaud et lourd, et semble ecraser la surface de la terre de tout son poids.

Au reveil, vers 6h, l'air est sature d'humidite, le soleil n'arrive pas a percer l'epaisse couche de nuages qui tapisse le ciel d'un gris pale.Ca sied plutot bien a ces terres d'un ocre chair, ces plantations de bananes et de mangues. Beaucoup de hameaux d'une dizaine de huttes sont dissemines entre les plantations. Les habitants s'activent deja, certains travaillent au champ, les plus jeunes font leur toilette, les enfants sautillent sur le chemin de l'ecole. Leur uniforme compose d'une chemisette blanche a manches courtes et d'un short bleu marine contraste avec cet environnement resolument rural. Les montagnes sont encore trop timides pour se montrer. 

La meteo et le paysage ont change radicalement pendant le trajet de 3 heures en jeep.
En quelques secondes la jeep s'est retrouvee drapee dans un epais nuage gris gonfle d'eau. Et en quelques minutes toute cette eau s'est deversee, aussi violemment que si elle etait restee prisonniere un millier d'annees. Puis en un instant, il ne restait plus que le torrent degoulinant entre la route sinueuse et les rails du toy train pour temoigner de l'averse.
Un eclair a claque dans le ciel, le tonnerre a gronde dans la vallee et a repercute l'echo d'une note grave de branche en branche, la vibration glissant sur les feuilles alourdies par un tapis de grosses gouttes.
Derriere les immenses montagnes vert-bleues, un rayon de soleil a perce le ciel et on commence a distinguer la majestueuse Darjeeling.

lundi 3 mai 2010

Car j'etais sur la route...


Nous avons ete accueillies a Delhi par un ciel lourd et bas, pret a deverser toute sa colere, zebre d'eclairs parfois jaune parfois rose. Une atmosphere fantastique pour un premier jour de back-pack. Delhi n'etait qu'un arret strategique pour reserver nos billets de train et deposer nos valises chez la proprietaire de l'ecole.
Ca aurait du prendre 40 minutes a tout casser, mais evidemment l'adresse qui nous a ete donne n'existait pas. Au final on a passe plus de 2 heures avec le rickshaw-wallah, qui, comble de l'ironie, travaillait il y a 12 ans pour l'usine de sucre que nous venons de quitter.
Nous avons dine chez Paramjeet, un intervenant rencontre a l'ecole, a l'occasion de son troisieme anniversaire de mariage. Le fait que nous n'ayons qu'apercu sa femme me fait classer cet union dans la colonne des mariages arranges.
Nous sommes maintenant a Agra, parce que malgre qu'apres 4 mois je me sois beaucoup indianized, j'avais quand meme envie de voir le Taj Mahal.  La lumiere de l'aube etait tres flatteuse. Nous avons ensuite passe la journee a Fatehpur Sikri, acceuillies a la gare routiere par un jeune local qui nous a fait visiter la mosquee gratos avant de nous entrainer dans l'ecole du coin pour nous proposer d'etre volontaires. On doit le porter sur nous!


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dimanche 2 mai 2010

Le coeur lourd mais chanceux

S'il y a une chose qui n'etait pas indienne dans le spectacle de mercredi soir, c'est le fait que nous ayons commence a l'heure. La magie a opere pour la presentation du Magicien d'Oz. Les enfants ont ete formidables, et nos prieres au dieu du vent ont manifestement ete exhaucees. J'etais furieusement fiere de mes comediens, et c'est pourquoi j'ai ete decue que le public applaudisse si peu. La piece etant en anglais, je me suis demande s'ils avaient eu du mal a comprendre; pourtant j'avais prevu une narration en hindi au debut de chaque scene.
Mais une fois le spectacle termine, les compliments ont fuse et Rajesh m'a explique que le public indien rural n'applaudit tout simplement pas. C'est frustrant, mais tous les commentaires qui ont suivi m'ont rassure.

 Stephane est au courant...c'est Varun, mon amoureux indien ;-)

Le lendemain je me sentais completement videe. Dans chaque phrase j'entendais des repliques de la piece. J'avais encore beaucoup a faire pour le yearbook, mais j'ai surtout erre dans les couloirs en lancant des regards attendrissants aux enfants de retour dans leurs classes.
Je cherchais autant leur compagnie qu'eux la mienne, surtout les plus ages, qui avaient les roles principaux et dont je me suis donc beaucoup rapprochee. J'etais aux anges quand l'apres-midi nous avons pu passer plus d'une heure a faire des glissades dans la piscine a moitie remplie. J'avais a nouveau 12 ans, et rien que pour ca, pour m'avoir fait revivre des fragments si intenses de ma propre innocence, je les remercie.

 Delire Aquasplash
Je n'aurais jamais imagine que l'experience prendrait cette ampleur emotionnelle. Mais tout ce qui se construit lentement se construit solidement.
Samedi matin, quand j'ai pose mon sac dans la voiture qui allait nous conduire a la gare, j'ai murmure: "Let the crying begin!", et la ceremonie d'au-revoir etait effectivement intensement emouvante. Tous les enfants reunis devant l'ecole nous distribuaient des cartes, des cadeaux, des calins, des larmes, et moi je pleurais en leur promettant (en ME promettant) de leur rendre visite des que ce serait possible!
Dire au revoir a un adulte, passe encore. Parce qu'il comprend qu'on voyage, que notre vie est ailleurs (est-elle?), que ce n'est pas parce qu'on n'est pas bien qu'on s'en va. Mais un enfant...le sentiment d'abandon qui se lit dans ses yeux, l'envie de le voir grandir!...Voila pourquoi les larmes coulent.

Alors que je m'apprete a sillonner les rails de l'Inde du nord d'ouest en est, mon coeur est lourd de peine, mais allege par la chance et rempli de magie. De la peine, parce qu'ils me manquent deja, et que je ne sais pas si je les reverrai. Mais de la chance surtout, d'avoir ce fabuleux vecu, le partage, les rires et les sourires, les clins d'oeil et les gestes d'amitie, dans lesquels je pourrai puiser sans fin.
Tous ces enfants, et certains en particulier evidemment, se sont crees une place bien a eux dans mes plus beaux souvenirs, et je leur laisse une part de moi, confiante qu'elle sera bien gardee.

La classe VII, les plus grands, 
a qui j'ai laisse mon globe (ballon gonflable)  apres avoir 
dessine une croix a Dhampur et une croix a Paris.


PS: je tape depuis les cyber-cafes maintenant, donc plus d'accents...